13 – Montréal, métropole au panthéon des villes noires


En 2004, une maison d’édition de Brooklyn spécialisée en littérature urbaine underground, Akashic Books, lançait « Noir Series » avec un premier titre, Brooklyn Noir. Depuis, la production de nouvelles de ce genre littéraire a connu une croissance explosive : plus de 120 villes du monde comptent désormais un recueil signé par des vedettes locales, dont Marseille Noir, Paris Noir, Paris Noir : The Suburbs.

Le 11 juillet 2017, la ville de Montréal rejoignait le groupe avec 15 nouvelles écrites ou traduites en anglais par autant d’auteur.es francophones ou anglophones du Québec et du Canada :


 Collectif. – Montreal Noir. – Brooklyn : Akashic Books, 2017. – 288 pages.

L’ouvrage, sous la direction de Jacques Filippi et de John McFetridge, était divisé en trois parties, chaque texte ayant pour cadre un secteur de la ville :

Part I: Concrete Jungle

  • « Rush Hour » - Patrick Senécal (Downtown)
  • « Such a Pretty Little Girl » - Geneviève Lefebvre (Ville-Marie)
  • « Three Tshakapesh Dreams » - Samuel Archibald (Centre-Sud)
  • « The Haunted Crack House » - Michel Basilières (Boulevard Saint-Laurent)
  • « Wild Horses » = Arjun Basu (Mile End)

Part II: Bloodlines

  • « Driftwood » - Ian Truman (Hochelaga)
  • « Joke’s On You » - Catherine McKenzie (Saint-Henri)
  • « Coyote » - Brad Smith (Westmount)
  • « The Crap Magnet » - Peter Kirby (L’île Sainte-Thérèse)
  • « Poppa » - Robert Pobi (Little Burgundy)

Part III: On the Edge

  • « Journal of an Obsession » - Johanne Seymour (Plateau Mont-Royal)
  • « The Sin Eaters » - Melissa Yi (Côte-des-Neiges)
  • « Milk Teeth » - Howard Shrier (Rue Rachel)
  • « Other People’s Secrets » - Tess Fragoulis (Sherbrooke Street)
  • « Suitcase Man » - Martin Michaud (Notre-Dame-des-Neiges Cemetery) 

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Six ans plus tard, les éditions Guy Saint-Jean viennent d’en publier une version française regroupant «16 plumes, issues d’horizons aussi diversifiés que la population de la ville, mettent la métropole en vedette dans un recueil étonnant et percutant, où la violence côtoie le suspense. »  



Collectif. – Noir Montréal. – Laval : Guy Saint-Jean Éditeur, 2023. – 375 pages. Avis de lecture.

En fait, il s’agit de la livraison en français de 12 des 15 textes initialement publiés dans la version originale anglaise auxquels s’ajoutent trois nouvelles originales.Toujours sous la direction de Jacques Filippi et John McFetridge, ces derniers livrent une brève introduction historique, géographique et littéraire de la ville précédant les 16 textes regroupés sous les mêmes trois thématiques :

Première partie - Jungle de béton (Concrete Jungle*)

  • « Heure de pointe » [Centre-ville] (Rush Hour*) - Patrick Senécal
  • « Une si belle petite fille » [Ville-Marie] (Such a Pretty Little Girl*) - Geneviève Lefebvre
  • « La fumerie hantée » [Boul. Saint-Laurent] (The Haunted Crack House*) - Michel Basilières
  • « Les chevaux sauvages » [Mile End] (Wild Horses*) - Arjun Basu
  • « Le street smart » [Griffintown] (nouvelle originale) - Pierre-Yves McSween

Deuxième partie - Liens de sang (Bloodlines*)

  • « Dindon de la farce » [Notre-Dame-de-Grâce] (Joke’s On You*) - Catherine McKenzie
  • « Coyote » [Westmount] (Coyote*) - Brad Smith
  • « La doublure » [Hochelaga] (nouvelle originale) - Maureen Martineau
  • « L'aimant à ordures » [Île Sainte-Thérèse en Montérégie] (The Crap Magnet*) - Peter Kirby
  • « Juste une image » [Centre-Sud] (nouvelle originale) - Guillaume Morrissette
  • « Papa » [Petite-Bourgogne] (Poppa*) - Robert Pobi

Troisième partie - Au bord du gouffre (On the Edge*)

  • « Journal d'une obsession » [Plateau Mont-Royal] (Journal of an Obsession*) - Johanne Seymour
  • « Dents de lait » [Rue Rachel] (Milk Teeth*) - Howard Shrier
  • « Les mange-péchés » [Côte-des-Neiges] (The Sin Eaters*) - Melissa Yi
  • « Suitcase Man » [Cimetière Notre-Dame-des-Neiges] (Suitcase Man*) - Martin Michaud
  • « Immunité diplomatique » [Place d’Youville] (nouvelle originale) - Eric Dupont

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* Titres parus initialement en anglais dans Montreal Noir de Akashic Books. 

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En 2003, l’écrivain québécois François Barcelo, lui-même auteur de nombreux romans pour adultes et de polars, avait convaincu 99 écrivain.es de publier aux éditions Les 400 coups autant de nouvelles noires ayant pour thème Montréal. L’ouvrage fut réédité en 2017.  



Collectif. – Montréal Noir. – Montréal : Les 400 coups, 2003. – 152 pages ; Numéro de série N-0016, 2017. – 194 pages

« C'est un projet un peu fou que de demander à des auteurs d'écrire des nouvelles policières sur Montréal en respectant l'art de ladite nouvelle. Cela oblige ces derniers à beaucoup de rigueur pour que l'intrigue fonctionne dans un récit bref, incisif et... noir ! Ils ont tous répondu " Présent " très rapidement » :

  • « Heure de pointe » - Patrick Senécal - Hugues est dans le trafic. Dans son véhicule, plusieurs cellulaires et autres gadgets, car il présente les bulletins d'informations sur la circulation pour une station radio, quatre fois par heure. Il reçoit un appel troublant qui le lancera dans une poursuite contre la montre… ou contre son prochain bulletin.

  • « Xuan, une solitude » - Marie-Claire Blais - Après la mort de ses parents, Xuan se retrouve dans un quartier de Montréal où, la nuit tombée, on peut trouver des prostituées. Elle en fait d'ailleurs partie. Elle nous livre ses pensées, sa solitude, ses inquiétudes, je dirais même son désespoir. 

  • « Blanc comme neige » - François Barcelo - Le narrateur et Pascal sont amants. Du moins l'ont-ils été… jusqu'à ce que Pascal gagne le gros lot. Six millions de dollars ! Mais ces millions, ils auraient dû être séparés à parts égales. Quelle injustice ! Et voilà que Pascal fait une chute mortelle dans des circonstances pouvant être mal interprétées. Que seriez-vous prêt à faire pour avoir votre part du gâteau ?

  • « La petite âme » - André Truand - Une soirée dans un bar, un inconnu charmant, la promesse d'un emploi de rêve… et voilà comment une jeune fille de 17 ans se retrouve morte. Mais, à bien y penser pas tout à fait morte puisque son âme est encore là, à errer entre son ancienne vie et son état de cadavre.

  • « Un petit service » - Chrystine Brouillet - Gaétan Brochu est mort asphyxié par son BBQ pendant une tempête. le médecin légiste doute de la thèse de l'accident, car il connaît Bob, le chauffeur de taxi qui a retrouvé Brochu. C'est un homme bien bon et généreux, ce Bob… Et pourquoi Brochu aurait-il demandé un taxi alors qu'il possédait une voiture?

  • « Le chant des pierres » - Gilles Pellerin - Fortier prend des détours douteux pour faire venir dans son antre, Saint-Germain, ce pseudopresque archéologue, afin de lui faire découvrir sa collection pour le moins insolite.

  • « Un cadavre à la fois » - André Marois - Un employé à la morgue qui s'ennuie, un propriétaire de pompes funèbres et un taxidermiste. Ajoutez à ça une quantité de corps non réclamés dont un est appelé à devenir chasseur-cueilleur.

L’édition de 2003 comprenait des photos qui venaient  « dramatiser, enjoliver, embaumer, accompagner chacun des textes et donner à l'ouvrage ce côté mystérieux qu'un recueil de nouvelles noires doit avoir. »

(source : éditeurs)

Et qui sait, un jour, la ville de Québec rejoindra peut-être ce groupe sélect des communautés qui mettent en valeur les littératures du crime. Avec les Christine Brouillet, Jacques Côté, Max Férandon, Steve Laflamme, Stéphane Ledien, Jean Lemieux, Jean-Jacques Pelletier, Julie Rivard, Marie-Ève Sévigny, Kim St-Pierre, Richard Ste-Marie… pour ne nommer que celles et ceux-là, la région possède le noyau d’écrivain.es pour relever le défi.

Les recueils Noir Montréal et Montréal Noir sont disponibles à la Librairie du Québec à Paris sur la rue Gay Lussac.

Cette chronique a été initialement publiée le 17 mai 2023 sur Culture et Justice (France) destiné à diffuser principalement des portraits du jour des écrivains, historiens, artistes… et qui rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. 


12 – Un ex-médecin qui partage sa vie entre l’écriture, le tennis, le piano, la guitare, la marche et de nombreux voyages (Jean Lemieux)



Jean Lemieux est né à Saint-Jean-sur-Richelieu (Iberville) au Québec. Ailier gauche au sein des Spoutnicks de Saint-Athanase, il fit ses études secondaires au Séminaire de Saint-Jean.

À l’été 1970, il écrit un court roman, Équinoxes, que, selon son auteur, Jacques Hébert, des Éditions du Jour, a la sagesse de refuser.

Il complète ensuite un diplôme d’études collégiales (DEC) en Sciences au Cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu. Chansonnier, il est membre du groupe Les Hurluberlus et collabore à la section Arts et aux affaires étudiantes au Canada-Français.

En 1972, Jean Lemieux écrit un deuxième roman, Le grain de sable, qu’il a la sagesse, dit-il, de garder dans ses tiroirs.

De 1974 à 1980, il fait des études en médecine à l’Université de Montréal et effectue des voyages en France, en Angleterre, en Écosse, en Grèce et en Italie.

Omnipraticien aux Îles de la Madeleine en 1980-1982, il effectue des voyages aux Antilles, en Californie, en Australie et en Asie avant de pratiquer la médecine à Montréal et à Contrecœur au cours des deux années suivantes.

De retour aux Îles de la Madeleine en 1984, il travaille comme omnipraticien avec un intérêt spécial pour la psychiatrie jusqu’en 1994, période pendant laquelle il se rend au Mexique, au Portugal, au Costa Rica, en France et en Irlande. Bassiste et accompagnateur dans divers spectacles, Jean Lemieux administre une salle de spectacles de 1986 à 1990.

Il s’établira finalement à Québec, omnipraticien au service des patients du Centre hospitalier Robert-Giffard, aujourd’hui Institut universitaire en santé mentale de Québec, où il pratiquera jusqu’à sa retraite en 2018. Il publiera d’ailleurs un récit intime et émouvant, revenant sur son parcours d’omnipraticien, « de ses débuts aux Îles-de-la-Madeleine jusqu’à ses années de pratique en milieu psychiatrique. Il nous emmène pendant ses gardes de nuit et dans son combat de chef de service aux prises avec la réforme du système de santé. Ce faisant, il nous livre une réflexion personnelle sur le passage du temps, la vie et la mort. »

Une sentinelle sur le rempart - Parcours d’un médecin. – Montréal : Québec Amérique, 2018. – 216 pages.

 J’ai soixante-trois ans, bientôt soixante-quatre. J’écris ces pages dans la chambre de garde de l’hôpital psychiatrique où je travaille depuis vingt-trois ans. Dans six mois, je quitterai l’établissement pour prendre, sinon une retraite définitive, du moins un long congé après lequel j’évaluerai si j’ai envie de pratiquer quelques heures par semaine la médecine. J’arrive, pour paraphraser Miron, au bout d’un long voyage abracadabrant.

Qu’est-ce qui pousse un jeune sain d’esprit à devenir médecin? Que ressent-on quand on pénètre dans un laboratoire d’anatomie peuplé de 41 cadavres? Quand on entreprend sa première garde d’interne? Quand on doit annoncer à des parents que leur fils est en état de mort cérébrale, à un patient de 44 ans en pleine forme que son échographie révèle une masse au pancréas? Que vit un médecin au quotidien? 

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L'œuvre de Jean Lemieux, partagée entre le polar, le roman et la littérature jeunesse, explore les thèmes de la quête d'identité et des liens familiaux.

Dans la thématique des littératures du crime, Jean Lemieux a créé, à compter de 2003, une série de romans policiers mettant en vedette l’enquêteur André Surprenant pratiquant son métier aux Îles de La Madeleine, dans la région de Québec et dans la Métropole. Un peu à l’image de son auteur.

De plus, une première saison d’une télésérie en six épisodes Détective SurprenantLa Fille aux yeux de pierre sera bientôt disponible sur Club Illico.

Sept titres des enquêtes d’André Surprenant sont parus à ce jour, dont le plus récent, Nos meilleurs amis sont les morts, a été lancé à Québec le 11 avril 2023 :



 On finit toujours par payer. – Montréal, La courte échelle, 2003/ 2009/2012; Québec Amérique, 2016/2021. – 288 pages.

  • Prix littéraire Association France-Québec/Philippe-Rossillon, 2004
  • Prix Arthur- Ellis de la Crime Writers Association of Canada, 2004
  • Adapté au cinéma, sous le titre La peur de l’eau, 2012.

Lorsque, une nuit d’octobre, une jeune femme est assassinée de façon mystérieuse aux Îles-de-la-Madeleine, le sergent André Surprenant refuse de croire au scénario trop lisse vers lequel pointent les indices. Il cherchera plutôt à percer les secrets des insulaires de cet univers clos et venteux, et ses méthodes peu orthodoxes l’emmèneront à tirer des conclusions imprévues.

 


Le Mort du chemin des Arsène. – Montréal : La courte échelle, 2009; Québec Amérique, 2016. – 416 pages.

  • Prix littéraire de la Ville de Québec et du Salon du livre de Québec, adulte, 2010
  • Prix Arthur- Ellis de la Crime Writers Association of Canada, 2010
  • Prix des abonnés de la Bibliothèque de Québec, fiction, 2010

Alors qu’il s’apprête à quitter son poste aux Îles-de-la-Madeleine, le sergent-détective André Surprenant doit mener une dernière enquête. Le cadavre d’un homme a été retrouvé et tout laisse croire qu’il s’est suicidé. Mais pourquoi Romain Leblanc, musicien au sommet de sa gloire, se serait-il enlevé la vie? Au fil de son enquête, Surprenant découvre que dans cet archipel isolé, chaque secret en cache un autre…

  


L'Homme du jeudi – Montréal : La courte échelle, 2012; Québec Amérique, 2016. – 304 pages.

Un an après avoir quitté les Îles-de-la-Madeleine pour s’installer à Québec, le sergent André Surprenant doit enquêter sur un délit de fuite troublant. Le cadavre d’un garçon de 12 ans, happé alors qu’il roulait à bicyclette, est retrouvé trois jours plus tard dans une rivière. Faute de témoins et d’indices, le dossier est rapidement fermé. Deux ans après l’accident, un fait nouveau éveille les soupçons de Surprenant et, contre l’avis de ses supérieurs et de ses proches, il reprend la traque du chauffard. Ses intuitions sont-elles fondées ? Se laisse-t-il entraîner par ses propres démons ?

 


Le Mauvais Côté des choses. – Montréal : Québec Amérique, 2015/ 2021. – 448 pages. Avis de lecture.

  • Finaliste « Best book in French » au Prix Arthur-Ellis de la Crime Writers of Canada, 2016

Un soir d’automne, un restaurateur de la Petite-Italie est abattu. Détail troublant: son cadavre a été amputé de la main droite. S’agit-il de l’œuvre d’un psychopathe ou d’un règlement de comptes lié à la mafia sicilienne ? André Surprenant, nouvellement arrivé au sein de l’escouade des crimes majeurs du SPVM, tentera de démêler l’écheveau de cette enquête, dont les ramifications semblent s’étendre à sa propre histoire familiale. Tandis qu’il essaie de faire la lumière sur son passé, mais aussi sur l’identité de celui que la presse a baptisé « l’amputeur des ruelles », les victimes s’accumulent. Et, chaque fois, non loin des cadavres, on trouve une mystérieuse branche d’amélanchier.

 


Les Clefs du silence. – Montréal : Québec Amérique, 2017. – 368 pages. Avis de lecture.

  • Finaliste « Best book in French » au Prix Arthur-Ellis de la Crime Writers of Canada, 2018

Alors que le Festival de jazz bat son plein et que Montréal ondoie sous la canicule, un médecin est poignardé et scalpé dans une clinique du centre-ville. La scène de crime livre quelques éléments déroutants : des blocs de bois évoquant un groupe terroriste, un ordinateur trafiqué, un dernier patient introuvable. Le sergent-détective André Surprenant fouille le passé de la victime : le docteur Pereira menait-il une double vie ? Sa veuve est séduisante, mais dit-elle la vérité ? L’affaire est complexe. Entre les références à la crise d’Octobre et les mystères entourant la construction du nouveau CHUM, Surprenant se trouve une fois de plus confronté à l’événement qui a bouleversé son enfance : la disparition de son père en 1970. Mais il y a pire. Coincé entre les intérêts des multinationales, des appareils politiques, des services de renseignement et les conflits au SPVM, Surprenant comprend bientôt que lui et ses proches sont en danger.



Les Demoiselles de Havre- Aubert. – Montréal : Québec Amérique, 2020. – 272 pages. Avis de lecture.

  • Finaliste « Best book in French » au Prix Arthur-Ellis de la Crime Writers of Canada, 2021

Un soir d'août, le gérant d’une boutique de prêt sur gages de Montréal est abattu d'une balle dans la tête. André Surprenant, sergent-détective aux crimes majeurs du SPVM, est appelé sur les lieux bien qu’il soit en vacances. Pourquoi? La victime est née aux Îles-de-la-Madeleine et Surprenant s’apprête justement à s’y rendre avec sa famille pour jouir de quelques semaines de repos dans l'archipel où sa carrière d’enquêteur a pris son envol. Au grand dam de sa blonde Geneviève, il y est plongé dans une affaire complexe, où les cadavres s'accumulent. Havre-Aubert, les buttes des Demoiselles, la Grave avec ses cafés, ses touristes et sa marina, deviennent bientôt le centre d’une toile d’influences qui s’étend jusqu’à New York, Niagara, Montréal et Puerto Plata. À moins qu’il ne s'agisse d’une histoire de famille? Surprenant, en short, chemise hawaïenne et sous son célèbre galurin, prend l’air salin et fait parler les gens.

 


Nos meilleurs amis sont les morts. – Montréal : Québec Amérique, 2023. – 336 pages. Avis de lecture.

Montréal, 1er mai 2012. Maître Jean-Claude Ladouceur, notaire, est retrouvé égorgé dans le sous-sol de sa maison d’Ahuntsic. À côté du cadavre, un carré de tissu rouge. Le sergent-détective André Surprenant est sceptique. Le meurtre ne lui paraît pas lié à la crise du printemps érable. Les leurres, il a déjà donné. Pour LP Brazeau, son partenaire, le mobile est simple: l’argent, toujours l’argent. Entre une veuve troublante, un promoteur immobilier amateur de dictons, un patron louche et un banquier qui joue au mécène, Surprenant est entraîné dans une affaire complexe, qui déborde à la fois de Montréal et des années 2010. Les meurtres se succèdent. La sécurité de Surprenant et de ses proches, la paix même du couple inoxydable qu’il forme avec Geneviève, sont menacées. Brazeau a tort: il ne s’agit pas simplement d’argent. Quelqu’un cherche à se venger. Surprenant fouille la ville avec une nouvelle coéquipière allumée. De ces jours trépidants, il sortira changé. 

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 Jean Lemieux a aussi publié cinq romans pour adultes :

 

  • La Lune rouge. – Montréal : Québec Amérique, 1991; La courte échelle, 2000/2009; Québec Amérique, 2016. – 264 pages.
  • La Marche du Fou. – Montréal : La courte échelle, 2000; Québec Amérique, 2016. – 208 pages.
  • Prague sans toi. –  Montréal : Québec Amérique, 2013. – 192 pages.
  • La Dame de la rue des Messieurs. – Montréal : Québec Amérique, 2022. – 200 pages.
  •  La Tête de violon. – Montréal : Québec Amérique, 2022. – 56 pages.


Dans la catégorie « Jeunesse », neuf romans sont disponibles. Ils visent deux types de clientères : les deux premiers pour les 12-17 ans et les sept autres pour les 7-10 ans :


Plusieurs livres de Jean Lemieux ont été traduits en anglais, en espagnol et en allemand.

(sources : sites web de l’auteur et des éditeurs)

Cette chronique a été initialement publiée le 10 mai 2023 sur Culture et Justice (France) destiné à diffuser principalement des portraits du jour des écrivains, historiens, artistes… et qui rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. 

11 – Une nouvelle étoile dans le firmament du polar québécois (Jean-Louis Blanchard)



C’est ainsi que les éditions Fides décrivent leur auteur à succès, Jean-Louis Blanchard, dont la marque de commerce est « teintée d’humour et de satire sociale ». En effet, dans un premier temps, ce Montréalais de naissance a publié coup sur coup, de 2021 à 2023, trois polars aux couvertures de premières des plus attractives. Ces ouvrages ont laissé leur marque dans l’écosystème des littératures du crime au Québec avec les désormais célèbres enquêtes de Bonneau « vieil inspecteur médiocre ne se voyant comme rien de moins que l’incarnation de la justice et Lamouche, brillant et jeune enquêteur au côté pince-sans-rire très britannique se plaisant à défier l’autorité » :

« En voyant la déprime générale, j’ai eu encore plus envie de démontrer l’importance de l’humour dans le roman policier québécois […]. Je voulais élargir la palette du polar au Québec. »

« Bonneau a un côté caricatural qui est volontaire […]. Il est un amalgame de personnes que j’ai rencontrées, souvent incompétentes et suffisantes, qui pensent que le monde tourne autour d’elles et qui sont désagréables sans s’en rendre compte. On s’y attache, tout de même, quand on se met à le voir à travers les yeux de Lamouche qui aime cette qualité qu’a son nouveau patron de faire suer tout le monde. Cela le rejoint. C’est d’ailleurs l’esprit analytique et rationnel de ce dernier qui permettra de faire avancer leur enquête. »

(Journal de Québec, 12 juin 2021)

 


Le silence des pélicans. – Montréal : Fides, 2021. – 352 pages. Avis de lecture

 « Quelle raison pousse un jeune enquêteur brillant, mais irrévérencieux à seconder un inspecteur médiocre dont on cherche désespérément à se débarrasser ? Et par quel calcul machiavélique a-t-on voulu les réunir ? Ce duo parfaitement incongru se retrouve pourtant au milieu d’une affaire dont personne n’avait soupçonné l’importance. Au cours de cette enquête qualifiée prématurément de routinière par l’administration, la mort d’une jeune étudiante apparemment sans histoires prend une tournure inattendue. Ce drame aurait-il un lien avec le cadavre d’un marin, amputé de ses pieds, que l’on vient de repêcher des eaux du fleuve ? Ou même avec cette fameuse « affaire des pélicans », survenue vingt ans plus tôt ? Et si c’est le cas, qui donc se cache derrière cette toile inquiétante, tissée dans le plus grand secret ? Au coeur d’une intrigue policière ficelée sur fond d’humour et de satire sociale, Bonneau et Lamouche mènent l’enquête, pour le meilleur et pour le pire… »

 


Les os de la méduse. – Montréal : Fides, 2022. – 376 pages. Avis de lecture

« Un squelette dans le placard, c’est classique. Mais un cadavre décharné dans la penderie d’un luxueux manoir de la métropole, c’est plutôt inhabituel. Le comte de Clairvaux, qui y vit discrètement dans le respect des traditions familiales, se passerait bien de ce genre de publicité. Un seul indice sérieux semble mener à l’assassin : une silhouette fantomatique, captée en pleine nuit par des caméras de surveillance. Mais voilà que de nouveaux éléments surgissent, entraînant le duo d’enquêteurs Bonneau et Lamouche sur des pistes insoupçonnées… Que viennent faire un trésor inestimable, un célèbre tableau de maître et une mystérieuse infirmière portée disparue depuis plusieurs années dans cette enquête aux ramifications tentaculaires ? Chose certaine, la maladresse de Bonneau et l’irrévérence de Lamouche s’avèrent encore une fois irrémédiablement incompatibles ! Et pourtant… »

 


La constellation du chat. – Montréal : Fides, 2023. – 368 pages. Avis de lecture

« Lancer des tomates pourries à un politicien arrogant, c’est une chose. Mais aller jusqu’à l’assassiner, c’est une tout autre histoire. Qui en voulait donc autant à Bruno Hébert-Sirois pour l’éliminer de façon aussi violente? Les autorités nagent en plein mystère, d’autant plus que la main meurtrière frappe à nouveau. Terroriste, tueur en série ou simple règlement de comptes? Chose certaine, les cadavres s’empilent. Bonneau et Lamouche sont alors confrontés à une constellation de victimes sans liens apparents. Que peuvent bien avoir en commun un politicien, un agent immobilier et un boursicoteur de banlieue? Les pistes se multiplient et le duo d’enquêteurs ne possède qu’un seul indice pour résoudre l’affaire: un énigmatique symbole, laissé sur chaque scène de crime. » 

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Tout jeune, Jean-Louis Blanchard se passionne pour la lecture et dévore littéralement tous les livres qui lui tombent sous la main. Il poursuit ses études secondaires au Collège Beaubois, établissement proposant alors un programme pilote d’enseignement individualisé. Cette formule lui convient particulièrement, car il peut s’acquitter de ses travaux scolaires rapidement et passer ainsi beaucoup de temps à lire et à écrire. Il s’intéresse aussi à la musique et développe un certain talent comme guitariste.

Au niveau collégial, il se découvre très tôt une passion pour la philosophie et l’histoire. Après des études en philo, il commence ensuite un programme de baccalauréat en histoire, mais ce sera de courte durée : devant pourvoir aux besoins de la petite famille qu’il a fondée avec sa conjointe, il quitte l’université et accepte un emploi dans un monde qu’il connaît bien et qui le fascine : celui de la musique. Il reste sept ans chez La Tosca, alors la Mecque des musiciens au Québec où tous les grands noms de l’époque fréquentent ce magasin spécialisé dans les instruments destinés aux professionnels. À titre de directeur, il acquiert une expérience considérable dans la gestion de personnel, une expérience qui va influencer son parcours par la suite.

Il accepte ensuite un poste chez SF Marketing, une jeune entreprise qui se spécialise dans les technologies liées au monde du spectacle, du théâtre… À titre de vice-président, il joue un rôle prépondérant dans le développement de l’entreprise, qui devient rapidement un chef de file reconnu au sein de cette industrie hautement spécialisée. Pendant tout ce temps, il continue à écrire. Ses responsabilités l’amenant à beaucoup voyager, il rapporte dans ses bagages de nombreux manuscrits: nouvelles, contes, idées de romans…

Il mène ensuite une brillante carrière en marketing dans des entreprises phares de l’industrie au Québec et à l’international qui lui permet progressivement de se rapprocher du monde du cinéma.

Aujourd’hui président de la division nord-américaine AC AMERICAS, Jean-Louis Blanchard voyage beaucoup, en plus de passer pratiquement une semaine sur deux à Toronto. Parallèlement à ses occupations professionnelles, il se prépare à une dernière carrière: celle de romancier. Puisant dans les nombreux cahiers manuscrits qu’il a accumulés, il a entrepris la publication de romans édités chez Fides, une des principales maisons montréalaises fondée en 1937 qui gère l'un des fonds d'édition les plus importants au Québec et au Canada. 

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Parallèlement aux frasques de Bonneau, Jean-Louis Blanchard a publié, toujours aux éditions Fides, trois romans jeunesse dans une série intitulée Zipolaris.

« L'idée m’en est venue quand mes petits-enfants (alors âgés de huit ou neuf ans) ont commencé à s’intéresser aux livres « plus sérieux ». Voulant leur faire découvrir des histoires fabuleuses et de fascinantes aventures, je me suis rendu compte, en explorant les librairies, que la plupart des romans jeunesse s’intéressaient bien davantage… au nombril !  Ça m’a sidéré de constater à quel point le contenu de ces romans (il y a des exceptions, bien sûr !) gravite autour du petit moi, de ses états d’âme, du ‘’ressenti’’ et de l’image que l’on projette autour de soi. J’avais l’impression de lire des magazines formatés sans photos !  Mieux encore : une bonne partie de ces livres utilise le même format visuel que celui des écrans de téléphone (avec des petites bulles pour les textos) ou encore des graphiques et des variations continuelles de polices typographiques afin (m’a dit très sérieusement une respectable libraire) de garder l’intérêt des jeunes lecteurs.  

Autre constatation : le nombre de romans jeunesse destinés aux jeunes garçons et très anémique, comparé à celui des romans destinés aux filles. 

Bref, c’est après quelques visites déconcertantes en librairie que j’ai eu l’idée de Zipolaris: une série un peu plus « masculine », où le jeune héros se trouve à plonger malgré lui dans un univers qui lui fera faire de nombreuses rencontres et connaître toutes sortes d’émotion. Ce qui est assez fascinant, c’est que je reçois depuis de nombreux commentaires enthousiastes de jeunes garçons, mais aussi de jeunes filles, et même de parents (qui sont devenus accros à la série !). » 


 

T.1 – La nuit des Morloups. – Montréal : Fides, 2022. – 220 pages.

« En rentrant chez lui, Nat trouve trois êtres étranges venus d’un autre monde. Ces Zipoïdes, totalement incontrôlables, mais si fascinants, sont obsédés par la bouffe et sèment le chaos partout où ils passent. En plus, Nat semble être le seul à les voir ! Et le pire dans tout ça ? Les Morloups, effroyables créatures qui peuplent l’île de Zipolaris, sont à leurs trousses ! Témoin de l’enlèvement des Zipoïdes, Nat n’hésite pas une seule seconde et enfourche son vélo en pleine nuit, bien décidé à sauver ses trois acolytes. Il débarque alors dans le royaume des morts où les ennemis sont nombreux et les alliés précieux. Nat est pourtant loin de se douter que cette périlleuse aventure n’est que le début de péripéties extraordinaires... »

Thèmes abordés : La famille monoparentale – L’amitié – La peur

 

T.2 – Le sentier de la peur. Montréal : Fides, 2022. – 216 pages.

« En cette nuit de pleine lune et d'Halloween, l'ignoble Corbeau rôde. La survie des Zipoïdes est à nouveau menacée ! Le temps presse. Pour protéger les Zipoïdes, Nat doit immédiatement porter la future reine dans un lieu tenu secret, quelque part sur l'île de Zipolaris. Mais la mission du jeune héros est périlleuse et de nombreux pièges l'attendent en chemin. Confronté à des créatures encore plus effrayantes que les Morloups, Nat arrivera-t-il à protéger la reine ? Rien n'est moins sûr, car l'île de tous les dangers recèle encore bien des mystères et l'aventure pourrait alors vite tourner au cauchemar ! »

Thèmes abordés : L’amitié – L’engagement – La persévérance – Le courage

 

T.3 – La malédiction de Zangra. – Montréal : Fides, 2023. – 234 pages. 

« Les vacances d’été arrivent et toute la ville panique : disparue depuis 100 ans, la terrifiante sorcière Zangra serait de retour ! Nat, Antoine et Laurence enquêtent sur cette mystérieuse légende alors qu’un journal local rapporte une série de phénomènes inexpliqués près de la rivière. Mais tout s’embrouille quand un Zipoïde débarque dans la classe de Nat, puis terrorise le concierge et le directeur de l’école ! Y a-t-il un lien entre la malédiction de Zangra et les Zipoïdes ? Nat a peu de temps pour le découvrir, car c’est la nuit de pleine lune et l’horrible Corbeau n’est jamais bien loin... »

Thèmes abordés : L’amitié – L’école – Les fausses nouvelles

 

Jean-Louis Blanchard ajoute que « chaque roman commence par des chapitres assez courts, de manière à capter rapidement l’intérêt des lecteurs/lectrices et les amener progressivement au cœur de l’intrigue. De même, au fur et à mesure où la série avance, les récits gagnent en densité et en complexité, mon objectif étant de garder l’intérêt d’un lectorat qui évolue et change rapidement entre 9 et 13 ans. »

Une suite à ces trois premiers tomes est déjà prévue : elle portera plutôt le nom de DIMENSION Z. On y retrouva le personnage de Nathan, mais deux ans plus tard. La série visera un lectorat un peu plus vieux (12-15 ans). Le premier tome devrait être publié à l’automne 2023, toujours chez Fides, sous le titre « L’homme sans nom ». Il y a fort à parier que Bonneau et Lamouche récidiveront ou qu’une autre source d’inspiration de Jean-Louis Blanchard saura nous divertir intelligemment et sans effusion d’hémoglobine.

À lire également, une entrevue éclair publiée le 23 mars 2021 par Mathilde Recly sur le site Bible urbaine, volet littérature, à l’occasion de la sortie de la première enquête de Bonneau et Lamouche.

(Sources : auteur et éditeur)

Cette chronique a été initialement publiée le 1er mai 2023 sur Culture et Justice (France) destiné à diffuser principalement des portraits du jour des écrivains, historiens, artistes… et qui rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice.