21 – Les plaisirs de la table dans certains polars québécois


 

Boire et manger, casser la croûte, partager un repas, s’alimenter, se nourrir... voilà autant de conditions de survie récurrentes que des êtres de fiction, les personnages de romans, ont en commun avec la réalité du lectorat qui les découvre ou les suivent d’aventure en aventure.

Dans la littérature en général comme dans les polars, les thrillers et les romans noirs, les plaisirs de la table sont généralement évoqués, souvent en lien avec les traits de caractère des protagonistes, leur origine socio-économique ou ethnique, leurs croyances religieuses, voire selon le contexte historique ou géographique où se déroule l’action. Consommés dans leurs résidences ou dans des établissements de passage ou qu’ils fréquentent occasionnellement ou régulièrement : cafés, casse-croûte, cuisines de rues, cafétérias, salles à manger de chics hôtels, relais routiers... Par une simple mention, en décrivant plus ou moins en détail les plats choisis, en listant quelques  ingrédients, en énonçant en tout ou en partie la recette.

Aussi, un,e écrivain,e amateur et amatrice de bonne bouffe ne peut faire autrement que d’intégrer ce trait de personnalité dans le déroulement de son récit, sinon de transmettre son engouement aux différents acteurs qu’il met en scène dans ses écrits... et à son lectorat. Si ce n’est que par l'évocation d’une célèbre fragrance qu’on retrouve dans plusieurs romans avec le même effet que celui des madeleines pour le narrateur dans le roman À la recherche du temps perdu de Marcel Proust.

Au Québec, Chrystine Brouillet en a fait sa marque de commerce, avec sa policière fin cordon-bleu et gastronome tout comme son enquêtrice, Maud Graham, dont les 21 enquêtes publiées jusqu’à maintenant sont toujours parsemées de repas, de bons vins et de restaurants. L'auteure a d’ailleurs consacré un livre recensant les parcours gourmands de son héroïne :  


Chrystine Brouillet et Marie-Ève Sévigny. – Sur la piste de Maud Graham : promenades & gourmandises – Montréal : Parfum d’encre, 2016. – 336 pages.

Huit promenades à Québec et à Montréal et plus de 50 bonnes adresses. Déjà vingt-cinq ans de carrière pour la célèbre détective Maud Graham, personnage culte des romans de Chrystine Brouillet. Vingt-cinq ans d’enquêtes, mais aussi vingt-cinq ans à arpenter sa ville, Québec. Épicurienne reconnue et dénicheuse de bonnes adresses, Chrystine Brouillet s’associe avec Marie-Ève Sévigny, directrice de la Promenade des écrivains, pour présenter huit balades gourmandes. Que l’on soit sur les pavés de la capitale ou à la maison, on explore les lieux mythiques de la série Maud Graham, des scènes de crime aux restaurants préférés de l’enquêtrice. Et grâce aux images saisissantes du photographe Renaud Philippe, on découvre Québec comme on ne l’a jamais vue.


En 2018, l’écrivaine originaire de Loretteville, en banlieue de Québec, a aussi publié une fiction policière hors série qualifiée par la critique de « roman savoureux que l’on hume et déguste, bouchée par bouchée, comme dans un cocktail dînatoire » et complétée par vingt recettes des principaux mets mentionnés au gré des chapitres : baklavas rapides, cailles aux cerises de Thierry, cake aux olives, ceviche de poisson blanc, clafoutis aux poires, curry d’agneau, gravlax de saumon, minestrone, moelleux au chocolat, osso buco de Gabrielle, pastilla de dinde de Ricardo, pâtes aux escargots et aux morilles, pétoncles au beurre de marron, pierogis, potage à la citrouille, poulet en gelée, salade de bœuf pour Kim, salade de homard, tartare de thon des Héritiers et tarte à la tomate. Un accord crime et bonne chère parfait !


Chrystine Brouillet. – Chambre 1002. – Montréal : Éditions Druide, 2018. – 354 pages.

Hélène, chef montréalaise mondialement connue, se rend à New York afin d'y recevoir un prestigieux prix culinaire. Sur le chemin du retour, la tragédie frappe : elle est retrouvée inconsciente à la suite d'un brutal accident de voiture. Simple malchance ou acte prémédité ? Les enquêteurs travaillent à éclaircir le mystère, mais les pistes demeurent floues autour de cette femme apparemment sans ennemis ni malice. Hélène, plongée dans un profond coma, est veillée par ses amies les plus proches qui, après plusieurs semaines passées sans observer de progrès, mettront en place une ingénieuse stratégie aromatique pour tenter de ramener à la vie celle qui était le pilier de leur groupe. 

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Dans un autre registre, les 18 aventures de l’inspecteur-chef de la Sûreté du Québec Armand Gamache publiées jusqu’à maintenant, concoctées par l’écrivaine Louise Penny d’origine torontoise et résidente de Sutton, dans les Cantons de l’Est, ont comme pôle le village fictif de Three Pines. Un creuset où les odeurs des plats individuels ou collectifs cuisinés et les saveurs locales traditionnelles ou contemporaines embaument les pages de ses romans d’ambiance sucrée salée.


Au cours de l’été 2021, Flammarion Québec a publié sur sa page Facebook quelques recettes de l’entrée au dessert, en lien avec chacun des romans de la collection Armand Gamache enquête et signées par le chef Jean Soulard. Une aventure culinaire intitulée Les saveurs de Three Pines mettant la table à un album illustré avec en vedette le désormais célèbre village fictif au fil des saisons, inspiré des mets dégustés par les personnages de sa série. Les admirateurs de Louise Penny ne seront pas surpris d’y retrouver le hachis parmentier à l’effiloché de canard (En plein cœur), le jambon-brie de Gamache, garniture de pomme et endive (Sous la glace), les œufs bénédictine (Le mois le plus cruel), le clafoutis aux poires (Défense de tuer), les fettucines à la tomate et au fromage (Révélation brutale), la soupe aux pois du Château Frontenac (Enterrez vos morts), la soupe froide au concombre et le saumon grillé (Illusion de lumière), le gratin de poireaux très croustillant (Le beau mystère), les crêpes farcies à la crème pâtissière et aux bleuets (La faille en toute chose), la mousse au chocolat et aux framboises (Un long retour), les poulets de Cornouailles farcis, sauce aux pommes, légumes racines rôtis (La nature de la bête), les biscuits aux brisures de chocolat (Un outrage mortel) et le mijoté de bœuf automnal (Maisons de verre). 

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D’autres auteurs de polars, de thrillers et de romans noirs québécois font aussi des références occasionnelles aux goûts culinaires de leurs protagonistes, parfois à des années-lumière des envolées gastronomiques citées précédemment.

C’est le cas d’un certain inspecteur Lamouche, un des plus récents « limiers » dans le paysage littéraire du crime québécois imaginé par Jean-Louis Blanchard, protagoniste loufoque qui assouvit ses petits creux de malbouffe. En accord avec le policier américain Jack Reacher qui doit d’abord manger avant d'agir, « manger quand on peut c’est la règle d’or » (Lee Child. – Bienvenue à Mother’s Rest. – Paris : Calmann-Lévy, 2018. – page 68. )



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Les saveurs maritimes de la Gaspésie – crevettes, pétoncles, sole, maquereau, bar rayé, homard – sont omniprésentes dans La mariée de corail de Roxanne Bouchard pendant l’enquête de Joaquin Moralès dont le fils, cuisinier, le rejoint sans s’annoncer à Caplan sous le faux prétexte de « découvrir les produits du terroir » et « faire de l’expérimentation culinaire ». De belles scènes d’interrogatoire concomitant à la confection de sushis et de discussion musclée père-fils pendant la préparation de tortillas au poisson et de salsa atypique. 


Roxanne Bouchard. – La mariée de corail. – Montréal : Libre Expression, 2020. – 386 pages.

Quand Joaquin Moralès est appelé à enquêter sur la disparition d'une capitaine de homardier, il hésite : son fils vient tout juste de débarquer chez lui, soûl comme un homme qui a tout perdu. Mais lorsque le corps d'Angel Roberts est retrouvé, il ne tergiverse plus, car cette femme, c'est aussi la fille de quelqu'un. La mer, dans ce roman policier poétique, évoque la filiation et fait remonter à la surface les histoires de pêcheurs, véridiques ou réinventées, de Gaspé jusqu'au parc Forillon. 

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Sans en dresser une liste exhaustive, on trouve aussi des scènes de bouffe dans les polars de Martin Michaud où Jacinthe Taillon, la binôme de Victor Lessard, grignote noix et bâtonnets de légumes crus sur les scènes de crime :


 

Ou de cuisine au cours des enquêtes de Gonzague Théberge imaginé par Jean-Jacques Pelletier dans la série Les gestionnaires de l’apocalypse :


 

Mentionnons qu’on trouve également des scènes de cuisine ou de bouffe dans les titres suivants :



 J H Roch. – Cruel Redoux. – Franklin : Autoédition, 2016. – 504 pages.

Alex et Kevin, elle 17 ans et prostituée, lui 21 ans et proxénète, déménagent dans l'historique petite maison jaune au centre du paisible village agricole de Sainte-Uralie-Springfield, à 4 kilomètres de la frontière américaine dans la province de Québec (Canada). Leur belle chienne Labrador bat la campagne - et Alex la semelle - pendant que Kevin tente de séduire une autre fille mineure. Comme un cancer favorisé par les saisons déréglées, leur présence entraînera dans le voisinage une commotion de plus en plus étendue. La violence, le meurtre, le chantage, l'adultère, les croyances, les mensonges et la vérité se mêlent comme l'eau boueuse des ruisseaux et des fossés. Une centaine d'antagonistes, qu'ils soient morts ou survivants, du monde animal ou humain, assisteront à la perdition du village et participeront à son sauvetage inattendu, avec l'aide ? ou à cause de ? Greg Lauzon, inspecteur de son métier. 


 

Jean-Pierre Gagné. – Tuer pour régner. – Rimouski : Éditions du Tullinois, 2029. – 341 pages.

Le chirurgien Jacques Poirier se remet à peine des événements de l'affaire Piège de Sang, qui ont failli lui coûter non seulement sa carrière, mais sa vie. Une ancienne flamme le contacte, soupçonnant une irrégularité dans un protocole de recherche. Ce qui s'annonce comme un événement banal replonge le médecin dans une intrigue complexe et dangereuse; il devra, de nouveau, demander l'aide de son ami Marvin Sark, un avocat peu scrupuleux qui navigue sans cesse aux frontières de l'illégalité. Ensemble, les deux complices affronteront tous les dangers pour résoudre une affaire dont les ramifications semblent infinies.

 



Sylvie-Catherine De Vailly et Giovanni Apollo. – Le cinquième péché. – Montréal : Recto-Verso, 2016. – 232 pages.

Claudia est auteur de livres de cuisine à succès. Un jour, elle est kidnappée et se réveille nue, enfermée dans une cage. Peu à peu, elle découvre toute l'horreur de sa situation par le biais d'écrans où son ravisseur diffuse une série d'images mettant en scène d'autres femmes ayant séjourné dans cette même cage. La captive s'interroge. Que sont-elles devenues? À quand remontent ces séquences? Qui est cet homme qu'elle ne parvient pas à distinguer et qui les terrorise? Elle le voit entrer dans la cage pour étrangler ses victimes, mais relâcher aussitôt son étreinte avant qu'elles tombent inconscientes. À quel jeu joue-t-il? Claudia échafaude un plan, mais aura-t-elle l'occasion et le temps de le mettre à exécution? Commence alors pour la prisonnière une longue période d'angoisse. Ses déductions basées sur les images des écrans lui indiquent qu'elle n'a que sept jours pour agir…

 

Enfin, j’ai personnellement aussi choyé les personnages de mon premier polar en leur offrant une palette de saveurs gastronomiques québécoises et catalanes classiques accompagnées d’apéritifs et de bons vins. 



 Michel Roberge. – Zébrures écarlates : Une enquête du détective archiviste Ives d’Arch. – Québec : Éditions GID (édition originale papier), 2015. – 708 pages / Québec : Éditions Noir Québec (nouvelle édition numérique et hypermédiatique), 2021. – 614 pages.

Au Québec, café-boulangerie Paillard, au Pub Saint-Alexandre, chez Les frères de la côte dans le Vieux-Québec, chez Ives d’Arch, à l’ancien restaurant Flagrant délice de de Sillery, au restaurant La Sauvagine de Montréal et à Sacacomie, en HauteMauricie. À New York, dans un restaurant chic de la 52e rue.

En Catalogne au restaurant Casa Leopoldo, au Cafè de l’Òpera, au Cafè de l’Acadèmia, au restaurant l’Antic Forn à Barcelone et au restaurant Occi à Girona. Dans le sud de la France à Castellnou dels Aspres. Ainsi que sur les vols transatlantiques Iberia Barcelone-Montréal, Air Transat Montréal-Barcelone et Air France Barcelone-Montréal. 

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Qu’est-ce qui peut inciter certains créateurs de polar à transformer leurs héros en gourmet. Dans un article intitulé Cuisine et gastronomie dans le roman policier publié en janvier 2018, une blogueuse du site Web Myriades suggère quatre raisons : 

« 1- Tout enquêteur au solide appétit est un personnage sympathique et bon vivant. Le lecteur peut s’identifier à lui. Le commissaire Maigret se demande tous les soirs ce qu’il va manger en rentrant à la maison : quelle belle vision de la cuisine française entre la blanquette de veau et la tarte aux mirabelles… 

2- Tout enquêteur est habitué à côtoyer la mort. Il peut s’affranchir du néant des situations rencontrées en appréciant la bonne cuisine : c’est tout simplement une façon d’apprécier la vie, de survivre et de réfuter la mort. Dans Chourmo (1996), le héros Fabio Montale de Jean-Claude Izzo, l’écrivain marseillais, l’explique. 

3- Tout enquêteur est aussi un fin « limier ». Il accorde beaucoup d’importance aux odeurs : celle de la bonne cuisine, mais aussi celle de la mort. 

4- Tout enquêteur peut être le reflet de l’auteur qui apprécie lui aussi la bonne chère. Georges Simenon décrivait ses plats préférés dans ses romans. Manuel Vázquez Montalbán était critique gastronomique. Patricia Cornwell a créé par passion pour l’art culinaire un enquêteur. »

Manger chez soi ou sur le pouce dans une cafétéria, un bouiboui, une restauration rapide, un camion de rue ou déguster des petits plats mitonnés dans une brasserie ou un restaurant est donc à la fois une nécessité et un plaisir de la vie pour plusieurs personnages québécois de littérature du crime. À condition que les mets ne soient pas empoisonnés par un sombre protagoniste. Comme on a pu le voir, plusieurs auteurs de polars ont créé des policiers-inspecteurs-enquêteurs-détectives amateurs de bons vins, de bières et de fins alcools. Sans oublier la consommation des traditionnels beignes et trous de beignes omniprésents lors des réunions de débreffage dans bon nombre de fictions québécoises. Par contre, rares sont les malfrats gastronomes. 

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Cette chronique a été adaptée à partir de quelques chapitres d’une « fiction » que j’ai publiée en 2021, un recueil de 36 recettes (entrées, plats principaux et desserts) permettant d’en connaître davantage sur celles et ceux qui évoluent dans mon univers littéraire autour d’une bonne bouffe. L’ouvrage est complété par une revue non exhaustive du rapport aux plaisirs de la table qu’entretiennent des auteurs et des personnages de la littérature en général et du crime en particulier tant à l’échelle internationale que québécoise. 


Michel Roberge. – Polars & Boustifaille – Mes personnages cuisinent avec vous. – Québec : Éditions Noir Québec, 2021. – 217 pages.

20 – Les lauréats du Prix Saint-Pacôme du roman policier



À la fin des années 1990, un groupe de résidents de la municipalité de Saint-Pacôme dans la région de Kamouraska (Bas-Saint-Laurent) souhaitaient faire connaître leur localité « dans le monde entier ». Ils étaient à la recherche d’un « véhicule puissant, compatible avec la beauté et le charme » de leur village. « Un brassage d’idées épuisant, mais combien intéressant, a conduit presque naturellement à l’idée de décerner chaque année un prix littéraire au meilleur roman policier québécois. »


En 1997, Jean-Pierre Davidts avait publié un roman policier pour enfant : Le monstre de Saint-Pacôme. Jean Pettigrew, le grand manitou des éditions Alire, spécialisées dans le polar et le fantastique et éditeur, entre autres, de la revue Alibis est natif de Saint-Pacôme tout comme Maurice Gagnon, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Le Placoteux, un « praticien de cette littérature de genre fort populaire ».

C’est ainsi qu’est née en mars 2001 la Société du roman policier de Saint-Pacôme qui « a pour but premier de récompenser chaque année l’auteur du meilleur roman policier québécois francophone publié dans l’année en lui décernant le Prix Saint-Pacôme doté d’une bourse de trois mille dollars (3 000 $). Également, la Société, dans le but de susciter des vocations, octroie chaque année depuis sa fondation le Prix de la Rivière-Ouelle à des auteurs juniors et seniors de nouvelles policières. » Avec les années, d’autres prix se sont ajoutés : « le prix Coup de cœur, le prix Saint-Pacôme international, le prix Jacques-Mayer du premier polar et le prix Saint-Pacôme Jeunesse ».

Le 14 octobre 2023, la Société du roman policier de Saint-Pacôme tenait son 21e gala et remettait son prix du meilleur roman policier québécois publié en 2022 :

Ronald Lavallée. – Tous des loups. – Montréal : Fides, 2022. – 328 pages. Avis de lecture

Dans un village isolé et inhospitalier du Nord canadien, la rumeur court. Un homme en fuite, accusé d’avoir assassiné froidement sa femme et son enfant, se terrerait dans la forêt boréale.​ Matthew Callwood arrive tout juste en poste dans la région. Jeune policier idéaliste et téméraire, il est rapidement confronté à ses collègues qui boivent et fricotent avec les trafiquants du coin. Malgré tout déterminé à relever la trace du meurtrier en cavale, Callwood entreprend une traque sans relâche dans un dédale de lacs et marais aux confins indéfinissables. Au fil des mois, le policier découvre qu’il a affaire à plus fort que lui. Le chasseur devient le chassé. 

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Depuis 2002, sauf en 2020 compte tenu de la situation générée par la pandémie de Covid-19, le jury de l’organisation a consacré les titres suivants : 

2002

Laurent Laplante – Des clés en trop, un doigt en moins. – Montréal : Instant même, 2001. – 272 pages.

Dès le premier chapitre, le lecteur est mis au parfum des intentions meurtrières que nourrit Paul Baril envers son ex-bru détestée. Le retraité et sa regrettée Françoise se sont saignés à blanc pour doter leur futur petit-fils d’une rente somptueuse. Mais la calculatrice Diane a arraché à son ex-mari la garde d’un enfant dont elle n’a que faire, dans le seul but d’empocher le magot, privant ainsi le grand-père de la présence du petit Étienne. Le récit alterne entre la machination de Paul et l’enquête d’un duo de policiers futés, dont les premiers soupçons portent plutôt sur l’amant de la belle, un costaud membre des Hell’s Angels. 

2003

 

Maryse Rouy – Au nom de Compostelle – Montréal : Québec Amérique, 2003. – 275 pages.

Pour se rendre à Saint-Jacques-de-Compostelle, les pèlerins, que l’on appelle jacquaires, suivent une des multiples routes de pèlerinage jalonnées de monastères aménagés pour les accueillir. Au début de l’été 1240, une caravane de jacquaires part de Montpellier. Parmi eux se sont glissés deux cathares. Émissaires de Trencavel, le vicomte banni de Carcassonne, ils sont chargés d’avertir ses fidèles qu’il va lancer une campagne de reconquête avant les vendanges. Dès la première étape, par une nuit de pleine lune, un jacquaire périt de mort violente. Son cadavre porte des traces de griffes et de dents. Qui l’a tué ? Un compagnon de route ou un de ces loups-garous dont tout le monde parle ? 

2004 

Jean-Jacques Pelletier. – Le bien des autres – Lévis : Alire 2003. – 807 et 651 pages.

Pendant qu’au Québec l’Église de la Réconciliation Universelle recrute secrètement des personnalités influentes, à Ottawa, un nouveau parti politique, l’Alliance progressiste-libérale et démocratique, veut prendre le pouvoir afin de maintenir l’unité du pays et de garantir la sécurité du territoire. Or, au Québec, la campagne électorale est marquée par une violence ethnique et linguistique sans précédent, ce qui fait craindre le pire à la population et fournit de l’eau au moulin de l’APLD. Puis, quelques mois après l’élection à la tête du pays de Reginald Sinclair, le chef de l’APLD, les attentats terroristes reprennent au Québec, encore plus violents. Le GANG refait surface, d’autres groupes radicaux surgissent et le jeu des représailles et contre-représailles gagne en intensité. Dans les médias, plusieurs réclament ouvertement la partition de la province alors que d’autres exigent qu’Ottawa promulgue la loi sur les mesures d’urgence et envoie l’armée. 

2005

 

Benoît Bouthillette. – La trace de l’escargot. – Montréal : JCL, 2005. – 366 pages

Benjamin Sioui, d’origine montagnaise, daltonien de son état, consommateur occasionnel de cocaïne, fan de Kurt Cobain et amoureux d’un médecin légiste à laquelle il trouve une ressemblance avec la star Laetitia Casta, enquête sur une série de meurtres. Il a toutefois affaire à un tueur génial, minutieux, dément et sadique, qui s’inspire savamment des tableaux du peintre britannique Francis Bacon pour élaborer la mise en scène de ses crimes. Au cœur d’un Montréal nocturne et marginal, on assiste alors à une lente plongée dans l’esprit de l’inspecteur, à une incursion dans l’univers tourmenté de ce héros romantique. 

2006 

Jacques Côté. – La rive noire. – Lévis : Alire, 2005. – 367 pages.

Le lieutenant Duval et son équipe se voient confier une tâche difficile : trouver qui a empoisonné Florence, l'épouse bien connue de Charles Marquis, un riche entrepreneur qui vise la mairie de Québec. Or, ce n'est qu'à la suite de l'exhumation du corps et des analyses du chimiste-toxicologue - le décès remonte à octobre 1979 - que l'on a appris que ce n'est pas le cancer ou les traitements de chimiothérapie qui ont achevé - et fait terriblement souffrir ! - cette femme que tous considéraient comme une sainte. 

2007

Patrick Sénécal. – Le vide. – Lévis : Alire, 2007. – 642 pages.

Pierre Sauvé : À l'orée de la quarantaine, veuf, père d'une fille de vingt ans. Sergent-détective à la police municipale de Drummondville, il enquête sur un quadruple meurtre qui a toutes les apparences d'un crime passionnel.

Frédéric Ferland : Début de la cinquantaine, divorcé, père de deux adultes qu'il ne voit guère, il cherche depuis des années l'excitation ultime, celle qui donnera un sens à son existence et à la vie en général, qu'il a toujours trouvée terne. Psychologue, il exerce sa profession dans la ville de Saint-Bruno.

Maxime Lavoie : Trente-sept ans, célibataire, idéaliste et milliardaire. Il y a deux ans, il a quitté ses fonctions de président de Lavoie inc. pour devenir le producteur et l'animateur de Vivre au Max, l'émission de téléréalité la plus controversée de l'heure... mais aussi la plus populaire.

Trois hommes différents, trois existences que tout sépare. Or, contre toute attente, leurs chemins se croiseront bientôt et leur vie en sera bouleversée à jamais. Tout comme celle de milliers de gens... tout comme la vôtre ! 

2008

Sylvain Meunier. – L’homme qui détestait le golf. – Montréal : Courte échelle, 2008. – 168 pages.

Le soleil du mois d’août darde ses plus chauds rayons. Les journées coulent paisiblement au gré du doux déhanchement des festivalières en robes légères. C’est alors qu’une bombe sème la panique chez les vacanciers. Un golfeur meurt, décapité par une balle bourrée de nitroglycérine. Comme d’autres, trouvées çà et là sur le terrain, la balle explosive portait la signature de Jean Chrétien… Au moment où le sergent-détective Drummond met enfin le doigt dans la faille, les événements prennent un tournant inattendu... 

2009

Chrystine Brouillet. – Promesses d’éternité. – Montréal : Courte échelle, 396 pages.

L'automne s'annonce chargé pour Maud Graham. D'abord, un homme est laissé pour mort devant l'Hôtel-Dieu de Québec. La même nuit, un détective est transporté, inconscient, au même hôpital après avoir été battu sur un terrain vague. Ces deux hommes ont-ils un lien? Graham doit aussi aider une femme à retrouver sa fille et sa petite-fille, dont elle est sans nouvelles. Elle s'intéresse également à une femme qui semble égarée, effrayée, mais qui refuse de se confier aux policiers. Quand on retrouve près du fleuve le corps d'un adolescent vêtu d'une étrange cape de toile, Graham commence à penser que ces événements sont peut-être liés. Pendant ce temps, Carol Blondin-Warren, un être inquiétant, obsédé par le feu, enjoint ses fidèles de se préparer à sauver leur âme en prévision de l'Apocalypse. 

2010

Jacques Savoie. – Cinq secondes. – Montréal : Libre expression, 2010. – 312 pages.

L’enquêteur Jérôme Marceau, surnommé « Aileron » à cause de son bras atrophié par la thalidomide, se penche sur un drame récent. Au palais de justice, un juge, un avocat, un témoin et un gardien de sécurité ont été abattus en pleine séance. La meurtrière de tout ce beau monde est Brigitte Leclerc, une jeune femme de vingt-huit ans au passé étrange mais apparemment sans histoires. Après son méfait, elle a tenté de se suicider en se tirant une balle à bout portant. Toutefois, elle s’est ratée et a vécu une expérience de mort imminente où elle a vu les événements importants de sa vie défiler en cinq secondes. 

2011 

Martin Michaud. – La Chorale du diable. – Saint-Bruno-de-Montarville : Goélette, 2011. – 507 pages.

Dans ce qui a tout l’air d’être un drame familial, une femme et ses trois enfants sont sauvagement tués à coups de hache. L’auteur présumé du carnage, le mari, s’est suicidé après s’être tranché la langue. Mais est-ce bien ce qui s’est passé ? Deux jours après, une alerte AMBER est déclenchée à l’échelle de la province de Québec : une jeune fille dévoilant ses charmes sur Internet a été kidnappée. Par qui ? Pourquoi ?Deux énigmes que vont s’attacher à résoudre en parallèle deux policiers au style rentre-dedans : Victor Lessard qui, sans compter les cadavres laissés derrière lui, en voit d’autres surgir de son passé, enlaidis par le temps ; et Jacinthe Taillon, son ancienne coéquipière à la Section des crimes majeurs, qui lui voue une haine infernale. 

2012 



Maxime Houde. – L’infortune des biens nantis. – Lévis : Alire, 2022. – 372 pages.

Alors qu’il tente de relancer sa carrière de détective privé en acceptant tous les petits boulots qui lui sont proposés, Stan Coveleski continue de reprendre goût à l’existence grâce à son ami Maranda, enquêteur à la Sûreté provinciale. Mais c’est Paméla, l’épouse du docteur Du Sablon, qui donne un coup d’accélérateur à sa petite vie tranquille quand elle l’invite à l’une des soirées mondaines qu’elle et le docteur organisent régulièrement. Dès le début de l’enquête, les policiers tiquent sur la relation entre la veuve – qui nie être l’auteure du crime – et le détective. Quand un deuxième meurtre survient dans l’entourage immédiat de Coveleski, ce dernier devient le principal suspect. 

2013 

Martin Michaud. – Je me souviens. – Saint-Bruno-de-Montarville : Goélette, 2011. – 648 pages.

À Montréal, juste avant Noël, un homme et une femme meurent le cou transpercé par ce qui semble être un instrument de torture sorti tout droit du Moyen Âge. Auparavant, ils ont entendu la voix de Lee Harvey Oswald, l’assassin présumé du président Kennedy. Un sans-abri se jette du haut d’un édifice de la place d’Armes. Ayant séjourné à plusieurs reprises en psychiatrie, il prétendait avoir participé, avec le FLQ, à l’assassinat de Pierre Laporte. Sur le toit, avant de sauter, il laisse deux portefeuilles, ceux des victimes.... 

2014 

Andrée A. Michaud. – Bondré. – Montréal : Québec-Amérique, 2014. – 304 pages.

Été 67. Le soleil brille sur Boundary Pond, un lac frontalier rebaptisé Bondrée par Pierre Landry, un trappeur canuck dont le lointain souvenir ne sera bientôt plus que légende. Le temps est au rire et à l’insouciance. Zaza Mulligan et Sissy Morgan dansent le hula hoop sur le sable chaud, les enfants courent sur la plage et la radio grésille les succès de l’heure dans l’odeur des barbecues. On croit presque au bonheur, puis les pièges de Landry ressurgissent de la terre, et Zaza disparaît, et le ciel s’ennuage. 

2015 

Luc Chartrand. – L’affaire Myosotis. – Montréal : Québec-Amérique, 2015. – 472 pages.

Paul Carpentier a-t-il vraiment profané la mémoire du Second Temple de Jérusalem ? A-t-il basculé dans l’antisémitisme, comme veulent le faire croire ceux qui cherchent à l’éliminer ? Carpentier, un ancien journaliste, vit en Israël avec sa femme, Rachel, et leur fils, David. Alors que celui-ci découvre ses racines juives, il entre en révolte profonde contre son père, qu’il accuse de trahir son sang en frayant avec des Palestiniens. Un meurtre dans la bande de Gaza vient catalyser la crise qui couvait. Et si cette mort avait pour but d’étouffer une enquête sur un crime de guerre ? 

2016 

André Jacques. La bataille de Pavie. – Montréal : Druide, 2015. – 464 pages.

Quand l'antiquaire Alexandre Jobin, ancien officier des services de renseignement de l'armée canadienne, sort d'une consultation médicale inquiétante, il sait que la mort le guette. Que faire ? Boire jusqu'à plus soif ? S'isoler jusqu'à l'heure fatale ? Deux évènements l'extrairont de cette sombre spirale. D'abord, on lui propose un contrat alléchant : aller en Italie pour faire expertiser et vendre des esquisses anciennes. Puis, il y a Linda Parenteau, une ancienne maitresse emprisonnée à Joliette pour fraude et association de malfaiteurs, qui le supplie de se rendre à Palerme afin de retrouver sa fille, Pavie, qui court un grave danger. 

2017 

Patrick Senécal. L’autre reflet. – Lévis : Alire, 2016. – 431 pages.

Il s’appelle Michaël Walec et il rêve de publier un roman noir – un bon, un vrai ! Alors depuis trois ans, le soir, après avoir donné ses cours de français aux détenues de l’Établissement Joliette pour femmes, il bûche sur son manuscrit. Et quand il visite les Salons du livre, il se dit que, un jour, lui aussi fera partie de la grande famille des écrivains. Mais depuis quelque temps, alors qu’il s’acharne à réécrire les scènes pivots de l’intrigue, force lui est d’admettre que, malgré son indéniable talent littéraire, il n’arrive pas à insuffler à son manuscrit ce « petit quelque chose » qui en ferait un bon, un vrai, un excellent roman noir. 

2018 

Jean-Jacques Pelletier. – Deux balles un sourire. – Montréal : Hurtubise, 2017. – 432 pages.

« On est à des années-lumière des scènes de crime sordides. Pas de flaques de sang. Pas d'os qui protubèrent ici et là. Pas de substances glaireuses qui s'écoulent de la tête... Tout l'intérieur de la victime est demeuré sagement rangé à l'intérieur des frontières définies par son épiderme. » Normalement, les cadavres ne sourient pas. Et ils n'ont pas l'air aussi heureux. Pas après avoir reçu deux balles dans la tête. D'où la perplexité de l'inspecteur-chef Dufaux. 

2019 

 André Jacques. – Ces femmes aux yeux cernés. – Montréal : Druide, 2018. – 400 pages.  Avis de lecture

Au cours d'une descente au repaire de Grigor Chukaliev, un caïd de la mafia russe, le SPVM saisit deux tableaux d'un maitre de l'art contemporain qui, au moment de l'expertise, se révèlent des faux. Et l'un d'eux a été vendu par l'antiquaire Alexandre Jobin. Quelques jours plus tard, un cocktail Molotov éclate dans la vitrine de sa boutique, tandis que le galeriste qui a vendu le second tableau est retrouvé assassiné. Pour éviter d'autres représailles et pour sauver sa peau, Alexandre décide de remplacer le faux tableau par un vrai. Il part alors à la recherche du peintre des oeuvres originales, Jordi Carvalho, un artiste catalan qui semble avoir disparu de la circulation depuis plus de dix ans. De Montréal à Barcelone, puis à Paris, cette quête ne sera pas de tout repos pour notre héros. Heureusement, entre les séquelles du passé et les cauchemars qui le hantent, un ange sombre veille sur lui... 

2021 

Biz. – Les abysses. – Montréal : Leméac, 2019. – 144 pages.

On peut être au coeur de la forêt et sentir néanmoins s'ouvrir sous ses pieds des profondeurs abyssales. On peut être sur la terre ferme et néanmoins se noyer... Catherine se noie. Son père, son unique parent à qui elle tient plus que tout au monde, son « père-mère », son ami, son confident... son père est enfermé dans une cellule de la prison à sécurité maximale de Port-Cartier. Michel Métivier, surnommé le « boucher de Baie Comeau », ne doit pas en sortir avant une dizaine d'années. En attendant, sur les murs aveugles de son cachot, il dessine aux marqueurs fluo des créatures pélagiques, fantômes phosphorescents auxquels il consacre maintenant son temps après avoir passé sa vie à empailler ses trophées de chasse. De son côté, Catherine est en liberté mais vit dans une autre forme de prison. Entre ses rencontres avec la psy du cégep, ses visites à son père et ses piètres tentatives pour démontrer un semblant de normalité, elle perd pied et se love autour d'un secret trop lourd à porter, qui l'entraîne vers le fond. 

2022 

Anna Raymonde Gazaille. – Secrets boréals. – Montréal : Leméac, 2021. – 288 pages.

Dans un village aux confins de la forêt boréale où elle est venue se réfugier, Brigit tente de fuir un passé marqué par la violence. Mais le malheur semble la poursuivre même au sein de cette petite communauté repliée sur ses méfaits. Dans un ravin à la frontière de ses terres, elle fait la découverte du cadavre d’une jeune fille récemment portée disparue. Un inspecteur de la capitale est chargé de cette affaire de plus en plus complexe. Brigit, tiraillée entre l’exigence de taire ses secrets et son implication dans l’enquête, voit ressurgir ses hantises et les événements tragiques de son ancienne vie. Ce drame nordique, on le suit en alternance avec celui de Dana qui, à l’autre bout du monde, dans des camps de migrants surpeuplés, est à la fois témoin et victime de multiples massacres. Qu’ont en commun ces deux héroïnes aux prises avec la barbarie de notre siècle ?

 

Sources : site web de la Société et des éditeurs.