17 – Un homme-orchestre devenu auteur de polars (Richard Ste-Marie)

 


Je vous présente Richard Ste-Marie, écrivain originaire de la ville de Québec, qui a remporté en mai 2023 le prix Crime Writers of Canada Award of Excellence, meilleur livre en français, pour son plus récent roman Monsieur Hämmerli. 


Monsieur Hämmerli Lévis : Alire, GF 104, 2022. – 214 pages.  Avis de lecture

Mon nom est Charles McNicoll. Mais pour mes clients, je suis Monsieur Hämmerli, tueur à gages. Voici quelques années, un important contrat m’a été présenté ; il a aussi été le plus imprévisible, le plus surprenant… pour ne pas dire le plus éprouvant. Depuis, je n’ai plus été le même homme. De fait, étant un mélomane averti, j’ai immédiatement reconnu la cliente : Donatella Bartolini, la célèbre cantatrice dont la voix rend si bien Le Pâtre sur le rocher, mon œuvre préférée de Schubert. C’est aussi parce que je suis un mélomane averti que je n’ai pu accepter son contrat. C’est que, voyez-vous, la personne que je devais occire, c’était elle-même.

Mais Donatella est une femme résolue, et nous avons convenu d’une entente. Chaque soir, je viens écouter de la musique avec elle. Cinq CD, c’est la limite. Si elle parvient à rester éveillée – tout comme moi – jusqu’à la fin de l’audition, je la tuerai à l’aube, comme on dit à l’opéra. Bien entendu, en attendant cette nuit fatidique, je continue à remplir des contrats, et donc à tuer des gens, la plupart des crapules. Mais je sens venir le jour où je devrai changer de métier. Or, le seul talent que je possède, c’est bien celui d’assassiner mon prochain !

Le jury a ainsi justifié son choix :

« Dans Monsieur Hämmerli, Richard Ste-Marie utilise un point de vue nouveau, celui de l’assassin. Charles, le personnage principal, est présenté comme méthodique et détaché de son travail comme on pouvait s’y attendre ; cependant, le lecteur est attiré par la représentation diligente de Ste-Marie et l’évolution du personnage à multiples facettes de Charles au fur et à mesure que le roman progresse. De plus, la nature inhabituelle et la construction de la relation de Charles avec Donatella, retiennent l’intérêt du lecteur. » 

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Richard Ste-Marie, cet homme-orchestre, a été successivement musicien, artiste en arts visuels, animateur radio et écrivain.

Musicien. – En 1956, il entre au Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec où il étudie la clarinette jusqu’en 1960. Il amorce alors 16 ans de carrière de saxophoniste dans un quartet de jazz. En même temps, il fait partie de la fanfare de la réserve navale du Canada de 1961 à 1968.

De la fin des années 1960 jusqu’au début des années 1970, il joue avec divers groupes de musique populaire un peu partout au Québec. En parallèle, il suit des cours à l'École des beaux-arts de Québec où il décroche un diplôme en 1970. Il devient alors professeur assistant à l'École des arts visuels de l'Université Laval, interrompant sa carrière de musicien de 1972 à 1980. Mais celle-ci reprendra de plus belle à partir de 1980 avec la formation de la Fanfafonie, un groupe pionnier d’animateurs-musiciens de rue au Québec qui demeure encore aujourd’hui une référence pour de nombreux musiciens de rue qui se sont formés depuis cette époque.

La Fanfafonie joue dans de nombreux festivals et fêtes populaires au Québec. En 1982, elle fait une brève tournée d’un mois en Belgique. L'année suivante, elle s’associe avec le Cirque du trottoir de Bruxelles pour former le Théâtre National Populaire pour une tournée de quatre mois dans de nombreuses villes européennes, dont Lausanne, Fribourg, Nyon, Metz, Strasbourg, Le Havre, Lyon, Lille, Saint-Jean-de-Maurienne, Bruxelles, Anvers, Liège, Tournai, Bruges, Ostende et Namur. Pendant cette tournée, la Fanfafonie et le Cirque du trottoir préparent avec Guy Laliberté et les Échassiers de Baie-Saint-Paul un projet pour les fêtes de Québec 1534-1984 qui deviendra la première tournée québécoise du Cirque du Soleil en 1984. Elle visitera les villes de Gaspé, de Baie-Comeau, de Rimouski, de Baie-Saint-Paul, de Saint-Jean-Port-Joli, de Québec, d’Orford, de Hull et de Montréal.

En décembre 1984, Richard Ste-Marie met fin à sa carrière professionnelle de musicien pour se consacrer à l'enseignement.

Artiste en arts visuels. – Pendant 30 ans, à l’Université Laval de Québec, il enseigne successivement la sculpture, le dessin et l'estampe numérique. Ses oeuvres sont exposées dans plus de 77 expositions personnelles et collectives au Canada et à l’étranger. À cette époque, Richard Ste-Marie publie des articles sur l’art et les nouvelles technologies, entre autres dans Les Nouvelles de l’Estampe du Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale de France. Il fut membre de nombreux jurys en arts visuels et consultant pour la Politique d’intégration des arts à l’architecture (1%) du gouvernement du Québec. Il prend sa retraite de l’enseignement en décembre 2000.

Animateur radio. – De 2002 à 2010, il anime des émissions culturelles à CKRL-FM, la plus ancienne radio communautaire d’expression francophone à Québec, où il a interviewé plus de 600 créateurs.

Écrivain. - À compter de 2009, Richard Ste-Marie se consacre à l'écriture de nouvelles et de romans policiers. L’essentiel de son œuvre polardienne repose sur les enquêtes de son personnage fétiche, le sergent-détective Francis Pagliaro, de la Sûreté du Québec, « un flic atypique qui n’a pas de problèmes d’alcool et qui vit avec la même femme depuis 20 ans. Intelligent et persévérant, ce protagoniste des plus sympathiques est un féru de philosophie, un mélomane averti et un amateur d’art. » À l’image de son auteur.

À ce jour, six titres ont été publiés, des fictions toutes aussi palpitantes les unes que les autres (les liens hypertextes donnent accès à chaque résumé) : 

  • Un ménage rouge. – Montréal : Stanké, 2008 / Lévis : Alire, 2013. – 242 pages.
  • L'Inaveu. – Lévis : Alire, 2012. – 242 pages.
  • Repentir(s). – Lévis : Alire, 2014/2016. – 334 pages. 

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Richard Ste-Marie est aussi l’auteur de divers essais, textes et chroniques sur le Web, écrits pour la radio et livres d’artistes ainsi que de nombreuses nouvelles dont la majorité a été publiée dans la revue Alibis : 

  • Histoire(s), Alibis 32, 2009.
  • Serpents et échelles, dans Alibis 34, 2010.
  • Monsieur Hämmerli, dans Alibis 35, 2010.
  • Personnage (enquête d'auteurs), dans Alibis 38, 2011.
  • La Colère d'Hämmerli, dans Alibis 41, 2012.
  • Petite Suite Hämmerli, dans Alibis 44, 2012.
  • L'auteur, son traducteur et moi, dans Alibis 44, 2012a malle, dans Clair-Obscur 10, 2012
  • La Justice pour le mal, dans Alibis 46, 2013.
  • Quatre écrivains à Parthenais (co-écrit avec Jean-Jacques Pelletier) dans  Alibis 48
  • Le Palmarès, dans Crimes à la librairie. – Montréal : Druide, 2014.
  • Docteur Hämmerli, dans Alibis 50, 2014.
  • Le Monde selon Hämmerli, dans Alibis 56, 2015.
  • Fragile comme des empreintes dans la neige, dans Alibis 60, 2016.  

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Richard Ste-Marie accumule depuis 2009 de nombreux prix et autres distinctions :

  • 2009 : Finaliste – Prix des abonnés du Réseau des bibliothèques de la ville de Québec pour Un ménage rouge
  • 2009 : Prix spécial du jury pour la nouvelle Histoire(s) publiée dans Alibis 32
  • 2010 : Prix Alibis pour la nouvelle Monsieur Hämmerli publiée dans Alibis 35
  • 2010 : Finaliste – Prix littéraire de Radio-Canada pour la nouvelle La malle
  • 2012 : Prix « Coup de cœur » décerné par le club de lecture de la bibliothèque Mathilde-Massé de Saint-Pacôme (Prix Saint-Pacôme du roman policier), pour L'Inaveu
  • 2013 : Finaliste – Prix Arthur Ellis, Best crime book in french, pour L'Inaveu
  • 2013 : Finaliste – Prix de la Ville de Québec et du Salon international du livre de Québec, pour L'Inaveu
  • 2015 : Finaliste – Prix Tenebris, Les Printemps meurtriers de Knowlton, pour Repentir(s)
  • 2015 : Finaliste – Prix Arthur Ellis, Best Crime Book in French, pour Repentir(s)
  • 2016 : Prix « Coup de cœur » décerné par le club de lecture de la bibliothèque Mathilde-Massé de Saint-Pacôme (Prix Saint-Pacôme du roman policier), pour Le Blues des sacrifiés
  • 2017 : Finaliste – Prix Arthur Ellis, Best Crime Book in French, pour Le Blues des sacrifiés
  • 2022 : Finaliste, Best French Crime Book (Fiction and Nonfiction) / Crime Writers of Canada. Awards of excellence, pour Stigmates
  • 2023 : Prix Crime Writers of Canada Award of Excellence, meilleur livre en français, pour le roman Monsieur Hämmerli

 (sources : Wikipédia et sites des éditions Alire et de l’auteur)

16 – Un colloque international sur les imaginaires sentimentaux et policiers



Les 7, 8 et 9 juin 2023, le Groupe de recherches et d'études sur le livre au Québec (GRÉLQ) tenait à Sherbrooke un colloque international intitulé « Le rose et le noir. Imaginaires sentimentaux et policiers sous la loupe (XIXe-XXIe siècles) » L’événement était organisé par des représentant.es de l’Université de Sherbrooke) et de l’Université Concordia) :

 

Conférence d’ouverture

Rose, noir (et bleu) : sérialités éditoriales et catégories génériques (Matthieu Letourneux, Université Paris-Nanterre)

 

Le rose, le noir… vus par l’histoire du livre

L’édition française et le polar : dettes d’honneur et comptes à régler (Bertrand Legendre, Université Sorbonne Paris Nord)

Mots durs, mots doux : terminologie des genres sentimental et policier en bibliothèques (Nadine Desrochers et Stéphanie Courchesne, Université de Montréal)

 

Écrire l’amour et la mort : des imaginaires croisés

Entre la faute et le crime : la fille-mère dans les imaginaires sentimental et policier (Jean-Philippe Warren, Université Concordia)

L’amour dans les bas-fonds : hybridation des imaginaires dans la collection « Roman d’amour » des Éditions Police-Journal (1944-1965) (Harold Bérubé et Marie-Pier Luneau, Université de Sherbrooke)

Matérialité et narrativité dans Exemplaire unique de Milorad Pavić (Anthony Glinoer, Université de Sherbrooke)

Aimer, tuer, enseigner : circulation et usages des stéréotypes dans le roman de campus (Karol’Ann Boivin, Université de Sherbrooke)

 

Le rose, le noir, sous tous ses supports

Passions criminelles et rêves coupables : les « histoires vraies » de l’hebdomadaire Confidences (1938-1940) lues à la lumière de Détective (Mélodie Simard-Houde et Raphaëlle Séguin, Université du Québec à Trois-Rivières)

La jalousie continue son éternelle moisson de sang : le journal Allô police au prisme des émotions médiatiques (1953) (Rachel Nadon, Université de Sherbrooke / Université Paris-Nanterre)

Le radioroman : un genre syncrétique ? (Caroline Loranger, Université du Québec à Trois-Rivières)

D’amour et de raison : la rencontre entre les régimes sentimental et criminel dans les teen sleuth comics contemporains (Philippe Rioux, Université Concordia)

 

Le rose, le noir… et la sur-spécialisation des sous-genres

Le thriller sentimental néo-victorien : les flammes de la romance et l’ombre du meurtrier dans The Doll Factory d’Elizabeth MacNeal (Jessy Neau, Université Montpellier 3)

Cinquante nuances de fictions criminelles : psychologie et violence dans la romance contemporaine (Yoan Vérilhac, Université de Nîmes)