08 – Une femme de théâtre qui s’est lancée dans l’écriture romanesque par besoin de liberté littéraire (Maureen Martineau)

Quelques mois après la publication de son plus récent roman, laissez-moi vous présenter Maureen Martineau originaire de la région de l’Outaouais, au sud du Québec, frontière avec l'Ontario.

 


Comédienne, metteure en scène et auteure dramatique pendant 3 ans au Théâtre Parminou, un théâtre d'intervention ayant pour mission artistique de développer un théâtre populaire engagé dans les problématiques sociales de son époque, l’auteure de neuf polars et de plusieurs nouvelles noires vit à Tingwick, une municipalité québécoise située dans la Municipalité régionale de comté (MRC) d'Arthabaska, dans la région administrative du Centre-du-Québec. Son expertise en art social l’a menée en Amérique centrale, en Inde et en Afrique où elle a collaboré avec l’ONG One Drop.

« Maureen Martineau écrit avec la rigueur d’une marathonienne. Pour cette écrivaine, écrire un roman, c’est être en dialogue avec son texte. Résultat pour le lecteur : un récit où on ne s’ennuie pas, où les personnages se complexifient au fur et à mesure », privilégiant aussi « les fictions qui accordent une part au réel et s’ancrent dans la ruralité ».

De 2021 à 2022, elle publie une série mettant en vedette la sergente-détective Judith Allison. À ce jour, cinq titres sont parus :


Le jeu de l’ogre. – Montréal : La courte échelle, 2012. – 450 pages.

Prix d'excellence du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) 2013.

« Tingwick, 2008. Alors qu’elle s’apprête à intenter des poursuites contre l’homme qui lui a volé sa jeunesse, Marie-Paule Provost perd la vie dans un accident de voiture. Ses deux filles, Nickie et Alexandra, prennent le relais de sa quête. S’ensuivent une mort, une disparition, un drame familial, autant d’incidents criminels qui laissent peu d’indices sur le mince fil qui les relie. »

 

L’enfant promis. – Montréal : La courte échelle, 2013. – 380 pages.

Prix Arthur-Ellis meilleur roman policier francophone du Canada 2014

« Tingwick, 2011. Dans une érablière de Saints-Martyrs-Canadiens, on découvre les ossements d’une femme. À qui appartiennent ces restes humains qu’aucun parent ne réclame ? Le lendemain, Lucas Blondin, cinq ans, est porté disparu. Fugue ou enlèvement ? »

 

L’Activiste – Le jour des Morts. – Montréal : VLB, 2015. – 320 pages.

« À l'aube du 2 novembre 2013, une explosion détruit le guichet automatique de la caisse de Tingwick, au Centre-du-Québec. Qui se trouve derrière cet attentat que personne ne revendique ? »

 

La ville allumette. – Montréal : VLB, 2018. – 312 pages

« Alors même qu’il est un fugitif traqué, l’activiste Jacob Lebleu prépare des attentats contre Jean-Marc Courville, un promoteur immobilier sans scrupule aux projets mégalomanes. Ce dernier a notamment dans sa mire l’île de Hull et la dernière « maison allumette » de la rue Falardeau, épargnée par les grues de son père en 1969. Cette année-là, près de 6000 résidents aux moyens modestes avaient été expropriés pour permettre la construction des édifices fédéraux de la nouvelle « capitale nationale ». Dix ans plus tôt, c’était le plan Gréber qui sonnait le glas des Plaines LeBreton, un quartier ouvrier d’Ottawa. Lebleu, originaire de la région, ne l’a pas oublié. Avec la « grande débâcle » qu’il prépare, il veut rendre justice à ces tragédies et prêter main-forte aux nations algonquines qui cherchent, elles aussi, à empêcher un projet immobilier sur l’île Chaudière, un site ancestral sacré. »

 

Les enfants de Godmann. – Montréal : VLB, 2022. – 423 pages. Avis de lecture

« Gatineau, 24 février 2020. Dans une chambre de l'Hôpital de Hull alors en pleine grève du zèle, un patient âgé, le docteur Viktor Godmann, est retrouvé mort dans des circonstances suspectes. Drame familial, vengeance, crime médical ? Les hypothèses qui se dessinent pour expliquer son décès sont plus qu'inquiétantes. » 


Maureen Martineau a aussi écrit deux autres polars qui ont été publiés au Québec et en France :


Une église pour les oiseaux. - Montréal : Héliotrope Noir, 2015. – 183 pages / La Tour d’Aigues : Éditions de l’Aube, 2022. – 192 pages.

« Réfugiés dans le clocher de l'église, des martinets ramoneurs cherchent désespérément à migrer vers l'Amérique centrale. Ham-Sud, petit village de l'Estrie, est en proie à une contamination grave qui frappe les bêtes et les êtres humains. Loin de se douter qu'on l'a prise pour cible, la mairesse, dépassée par la catastrophe, mène l'enquête. »

ZEC La Croche. – Montréal : Héliotrope Noir, 2020. – 171 pages.

Le silence des bois. – La Tour d’Aigues : Éditions de l’Aube, 2021/2022. – 176 pages. Avis de lecture

« Haute-Mauricie. Le train avance lentement entre lacs et forêts. À la gare de Rapide-Blanc, la vieille Mikona Awashish en descend pour rejoindre sa fille, qui l'attend sur le quai. Par la fenêtre du wagon, l'agent de protection de la faune André Chillas épie les deux Atikamekw, persuadé qu'elles sont là pour braconner. Mais c'est à un autre type de chasse que les femmes ont l'intention de s'adonner. »

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En 2021, en collaboration avec Ariane Gélinas, Maureen Martineau [qui a publié  en 2015 Page soixante-deux, dans Crimes à la bibliothèque et, en 2016, Marie-Marthe, dans le numéro 58 de la revue Alibis] a lancé un recueil de nouvelles noires :

Ariane Gélinas / Maureen Martineau. – Criminelles. – Lévis : Alire, 2021. – 269 pages.

 

Sur la couverture de quatrième, les auteures décrivent leur démarche :

« … nous avons alors pensé que le crime aimait les complices et qu’il serait stimulant de concocter ensemble des plans crapuleux. Nous pourrions écrire un recueil à quatre mains, qui prendrait pour cadre les noires forêts, leurs zecs, les chalets près de lacs parfois anonymes. Nous avons aussi en commun, depuis nos premiers écrits, la propension à camper nos histoires en région, en milieux ruraux ou en territoires peu densément habités. Nous souhaitions, dans ce recueil, cartographier le Québec et, par-delà, proposer des escales tant en Gaspésie qu’en Mauricie, en Chaudière-Appalaches et dans le Bas-Saint-Laurent. Continuer à élaborer une toponymie du crime…

 

… dans toutes les nouvelles, des femmes seraient mêlées à des méfaits de différentes manières, les « signeraient » ou en seraient parfois les témoins. Les crimes prendraient des formes variées, de la voie de fait au vol en passant par le meurtre, le délit de fuite ou le fait de garder le silence sur une violation de la loi…

… notre troisième inspiration fut le calendrier sélène, le passage des différentes phases de la Lune – pleine, absente ou partielle – entre janvier et décembre. Saviez-vous qu’un certain nombre d’années comptent une lune perdue, treizième apparition dans le ciel de l’astre blême ? »

Le recueil contient les nouvelles suivantes de Maureen Martineau : Club Amigo [auparavant publié en 2016 dans le numéro 104 du magazine Le Sabord], Au bout de la baie, Le Contrat, Sœur Cécile, Les Dix, Poil de coyote et Népenthès [avec Ariane Gélinas].

 

Ariane Gélinas, romancière de fantastique, est originaire de Grandes-Piles, en Mauricie, au centre du Québec. Elle est lauréate du prix Arts-Excellence, du prix Jacques-Brossard et du prix Aurora-Boréal de la meilleure nouvelle. Elle a écrit de nombreuses nouvelles et plusieurs romans. La série Les Villages assoupis, qui l'a fait connaître au grand public, évoque des crimes commis dans des villages abandonnés du Québec. Les trois romans du cycle n'ont pas les mêmes personnages principaux, mais ces personnages sont face à la résurgence de forces mystérieuses venues d'un lointain passé, liées à la folie et à des mythes amérindiens. 

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En 2023, Maureen Martineau fait partie du groupe des « 16 plumes issues d’horizons aussi diversifiés que la population de la ville [qui] mettent la métropole en vedette dans un recueil étonnant et percutant, où la violence côtoie le suspense » :


Collectif. – Noir Montréal. – Laval : Guy Saint-Jean éditeur, 2023. – 378 pages.

« Avec des textes d’autrices et auteurs bien connus du monde du polar (et quelques invités !), ce recueil formidable témoigne à la fois du choc des cultures montréalaises et de leur amalgame. Proposant des nouvelles signées Patrick Senécal, Martin Michaud, Johanne Seymour, Maureen Martineau, Geneviève Lefebvre, Guillaume Morrissette, Éric Dupont et Pierre-Yves McSween, Noir Montréal révèle un Montréal grungy, cosmopolite, un peu rebelle et unique, telle qu’on l’aime, avec des quartiers qui ont leur propre couleur et leur ambiance particulière. Des nouvelles mystérieuses, sanglantes, étonnantes ou haletantes, des auteurs qu’on adore ou qu’on découvre, tout est là pour passer des nuits blanches dans la noirceur de Montréal !

Initiée par Akashic Books, une maison d’édition de Brooklyn spécialisée en littérature urbaine underground, Noir Series a vu le jour avec Brooklyn Noir en 2004. Depuis, elle a connu une croissance explosive: plus de 120 villes du monde comptent désormais un recueil signé par des vedettes locales, de Paris à Stockholm en passant par Bagdad et Addis-Abeba. » 

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En 2022, le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), en partenariat avec Culture Centre-du-Québec, a décerné le Prix du CALQ – Artiste de l’année au Centre-du-Québec à l’écrivaine Maureen Martineau.

« Auteure audacieuse à la plume limpide, Maureen Martineau nous offre des histoires aux thématiques actuelles, qui témoignent de sa grande curiosité et de son engagement social. Son lectorat ne cesse de s’élargir, alors que deux de ses romans seront bientôt publiés en France », ont rapporté les membres du jury du Conseil.

(Sources photos : site web de L’Artis et de L’île ; textes : éditeurs et Wikipédia)


Cette chronique a été initialement publiée le 27 mars 2023 sur Culture et Justice (France) destiné à diffuser principalement des portraits du jour des écrivains, historiens, artistes… et qui rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice.